mercredi 12 mars 2014

Pourquoi j'écris pour les enfants (et pourquoi il faut publier mes manuscrits)


En ce moment, mon activité principale consiste à bombarder les maisons d'édition de mes manuscrits.
Et à recevoir des réponses négatives de différents types :



 1. Type blabla mais on est sympa :

"Bonjour,

Nous avons bien reçu votre projet, et nous vous remercions de la confiance que vous accordez aux éditions Xxxxxxxx.
Nous l'étudierons avec attention et dans les plus brefs délais. Cependant, en raison du nombre important de manuscrits qui nous sont envoyés, nous ne sommes pas en mesure de répondre à tous.
En l’absence de nouvelles de notre part à compter de trois mois après réception de ce courrier, nous vous prions de considérer que votre projet n’a pas été retenu.

En vous remerciant de votre compréhension, veuillez agréer l’expression de nos sentiments les meilleurs,

Chloé Xxxxx pour le service manuscrits
"


2. Type soulé et tu aurais pu faire gaffe s'pèce de feignasse :

"Bonjour et merci pour votre confiance. Malheureusement, comme stipulé sur notre site :
http://editions....
nous n'étudions pas de nouveaux projets actuellement.

En vous souhaitant bonne chance dans votre recherche d'éditeur,

bien cordialement,

JL xxxxxxx
"



3. Type plus basique tu meurs :



"Bonjour,

C'est avec le plus grand intérêt que nous avons pris connaissance de votre manuscrit et nous vous remercions de la confiance que vous manifestez à l'égard des Éditions XXXXXX.

Malheureusement, votre projet ne correspond pas à notre stratégie éditoriale.

Bien cordialement,"






Mais à quoi peut bien correspondre ta stratégie éditoriale mec ? Il y a des maisons d'édition pour lesquelles, c'est très clair : c'est du catho, c'est de la philo, c'est de l'environnement... mais pour les autres, mouhahahahahaha mais lisez-vous les uns les autres mes frères et mes soeurs : c'est tout pareil ! "Ouverture, humour, lecture, découverte..."



Bref, là n'est pas le propos. Se faire refuser ses manuscrits, c'est le jeu, recevoir une réponse bateau en fait partie aussi. Non non non, je ne suis pas aigrie mais tellement têtue. Et puis, j'ai reçu également des réponses personnalisées et encourageantes.



Alors, pourquoi m'acharnè-je ?
Parce que j'aime ça. J'aime écrire pour les marmots, j'aime tester sur mon entourage enfantin, j'aime imaginer leurs réactions, quand j'écris. Le fait que je sois comédienne n'est sans doute pas étranger à tout cela.
Parce qu'on s'amuse. Quand j'écris, quand les enfants écoutent / lisent.
Parce qu'on imagine. Mes idées de départ viennent souvent d'un délire avec les enfants que j'ai à proximité plus ou moins proche. Un mot, une idée, un titre et hop la machine s'emballe.
Parce qu'on est libres.
Parce que c'est tellement chouette de faire des enfants le héros de l'aventure quand tu vois à quel point le lecteur s'identifie. Gratifiant.
Parce que c'est chouette aussi d'y mettre différents degrés, du second bien sûr, une légère ironie...
Parce que c'est du partage avec des adultes quand ils lisent pour l'enfant et que j'espère qu'ils s'y retrouvent peut-être aussi.
Parce que c'est riche : mélanger simplicité et vocabulaire châtié, c'est ma came.
Parce que quand on commence, on ne veut plus arrêter.
Parce que le numérique permet d'ajouter une dimension qui peut être riche si elle est bien exploitée.



Je ne vois pas du tout ces écrits comme une sorte de "tremplin pour de vrais romans", au contraire ! La littérature enfantine existe bel et bien, pour elle-même, c'est un monde vaste et protéiforme, bien plus vaste que n'importe quel autre domaine littéraire. Enfin il me semble. Et j'admire les auteurs qui passent d'un monde à l'autre avec classe et brio (Christophe Honoré, Agnès Desarthe, Geneviève Brisac...).

Tout ça pour dire que diffuser ses projets est ingrat et fastidieux mais le travail en amont est passionnant. J'ai de la route à faire encore, des expériences à tenter, en toute modestie car je suis encore une jeune biche effarouchée. Ça n'est pas parce qu'on aime tricoter dans son salon qu'on vend ses petites mailles pour Sonia Rykiel me direz-vous... Néanmoins, ma grand-mère, elle, c'est ce qu'elle faisait. CQFD.

Donc je résiste. Donc je persiste.

J'écris donc je kiffe.

Bien à toi cher journal,

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire