Ce texte est un roman
pour les 6/10 ans environ. Les 6 ans auront le plaisir d'écouter la lecture d'un adulte, les plus grands pourront lire seuls les 45 pages. Cette histoire évoque les premières colonies de deux jeunes garçons qui ne voulaient pas y aller... J'ai voulu mettre l'enfant au cœur de l'aventure avec réalisme et fantaisie néanmoins.
Ce roman est inédit pour l'instant car je n'ai pas encore trouvé le temps pour m'occuper d'aller voir mes amis les éditeurs...
GASPAROV
ET MILOVITCH EN COLONIE DE VACANCES
Toute
ressemblance avec des personnages existants, petits ou grands, est
absolument impensable. Est-ce la peine de le préciser ?
CHAPITRE 1 : l’horreur
Gasparov
et Milovitch étaient voisins.
L’un
habitait en-dessous, l’autre au-dessus et les minutes où ils
n’étaient pas ensemble étaient rares.
Ils
se connaissaient depuis toujours, s’entendaient plutôt très bien,
ils avaient les mêmes goûts, les mêmes amis, les mêmes disputes,
la même école. Tout allait bien dans leur vie.
Jusqu’au
jour où leurs parents respectifs avaient eu l’idée saugrenue de
les envoyer en colonie de vacances.
« Si,
vous verrez, ce sera super, vous serez tous les deux en plus ! »
Mouais.
Cet argument ne les avait pas convaincus puisqu’ils étaient déjà
tout le temps tous les deux. Ils avaient donc décidé d’office que
la colo c’était nul. Point.
Mais
bien sûr, les parents n’en avaient fait qu’à leur tête. Ils
avaient inscrit les deux mouflets pour une semaine en colonie, ils
pensaient que les deux thèmes leur plairaient : fusées et
pâtisserie.
-
Pâtisserie ? disait Milovitch, mais c’est quoi d’abord
la « pâtisserie » ?
-
Ben, on va faire des gâteaux, répondait Gasparov.
-
Les gâteaux, c’est nul, concluait Milovitch en soupirant.
-
Et « fusée » euh… on va voler en fusée ou quoi ?
se lamentait Gasparov qui avait le vertige sur un tabouret.
-
C’est n’importe quoi.
-
Yep, la colo, c’est nul, rechignaientɸ-ils
en chœur.
La
colonie était prévue pour la première semaine des
grandes vacances et la date fatidique approchait. Milovitch et
Gasparov avaient décidé d’empêcher leur départ par tous les
moyens. Gasparov avait feint d’avoir l’appendicite puis la
cheville foulée, une carie, deux caries, trois caries, une verrue
plantaire, une varicelle, la grippe A. Les parents avaient fini par
appeler le docteur Scrogneugneu pour qu’il vienne ausculter ce
grand malade. Or Gasparov détestait le docteur Scrogneugneu qui
sentait mauvais de la bouche et sous les bras. Ses parents avaient
donc assisté à un rétablissement éclair du jeune garçon et
annulé la visite du docteur.
Milovitch,
lui, avait téléphoné à ses grands-parents pour quémander qu’ils
le prennent en vacances. Ils avaient dit oui évidemment. Mais ils
partaient chez des amis à la campagne pour une semaine bridge et
confiture, Milovitch devrait donc être sage pendant les parties de
bridge et aider pour les confitures. Il avait bien vite réfléchi
qu’il serait quand même mieux en colonie avec Gasparov qu’en
colonie pour personnes de plus de 65 ans.
Le
dernier vendredi de classe était arrivé. Quand la maîtresse avait
demandé à tous les élèves où ils allaient en vacances, les deux
inséparables avaient senti une boule dans la gorge. Ils avaient
répondu tout bas « en colo ». Tous les autres enfants
avaient fait « beurkkkkkkkkkkkkkkkkkk ».
-
Voyons les enfants, la colo, c’est très bien, avait dit la
maîtresse. J’y suis allée beaucoup quand j’étais petite,
c’était super. Je suis même devenue animatrice et c’est là que
j’ai rencontré mon mari, avait-elle ajouté en rougissant.
Gasparov
et Milovitch n’avaient pu que soupirer en levant les yeux au
plafond. Ils ne voulaient pas se marier, enfin pas forcément, pas
tout de suite et pas en colo surtout.
Tout
le monde avait un avis sur la colo : tous les adultes trouvaient ça
« super » et tous les enfants trouvaient ça « nul ».
Les grands frères de Gasparov s’amusaient à les terroriser sur ce
qui les attendait là-bas : le voyage, les animateurs, les autres
enfants, la nourriture, les activités, les dortoirs sans lumière.
Comment aller en colonie en confiance avec des avis aussi
contraires ? Ca sentait le piège à plein nez.
Le
vendredi soir, les parents avaient fait les valises. Et chacun y
allait de son souvenir de colo. Tremper le petit doigt d’un copain
endormi dans l’eau, ça fait faire pipi,trop drôle . Mettre des
coussins péteurs sur les chaises des animateurs, incroyablement
rigolo. Dessiner des pois rouges sur les figures des dormeurs pour
faire croire à la rougeole, excessivement amusant. Faire le mur pour
aller se baigner à minuit, même pas peur.
Les
parents avaient beau raconter toutes leurs bêtises d’enfance,
Milovitch et Gasparov n’étaient pas en état d’apprécier ces
comiques confidences. La colo c’était nul, tel était le refrain
de ce début d’été.
-
Mais pourquoi c’est nul ? demandait la maman de Milovitch.
-
Parce que je ne vais connaître personne, pleurnichait Milovitch.
-
Mais Gasparov, tu le connais ? Tu as beaucoup de chance de
partir avec ton meilleur ami, ça n’est pas le cas de tous les
enfants qui seront là demain tu sais.
-
Justement, ils seront jaloux de nous.
-
Tu aurais voulu faire quoi à la place de cette semaine en colo ?
demandait la mère de Gasparov.
-
J’aurais voulu aller avec toi.
-
Mais moi, je ne vais nulle part, je travaille, je reste ici.
-
J’aurais encore préféré rester ici.
-
Quoi ? Mais tu n’aimes pas le centre de loisirs, c’est pour
ça qu’on a choisi la colo !
-
Si je n’aime pas le centre, ça veut bien dire que je ne vais pas
aimer la colo. Le centre c’est nul donc la colo, c’est nul.
-
On va s’écrire, tentait de rassurer le père de Milovitch.
-
Je n'aime pas écrire.
-
Les animateurs t’aideront, ne t’inquiète pas.
-
Ha ?!
Parce qu’en plus, je vais avoir droit à des leçons d’écriture ?
L’école à la colo... Merci beaucoup !
-
Tu seras tranquille sans tes frères pour t’embêter, argumentait
le papa de Gasparov.
-
Mes frères ne m’embêtent jamais, au contraire, ils me protègent
et me défendent. Là, personne ne me protègera, personne ne me
défendra.
-
Et Milovitch alors ?
-
Milovitch, ce sera pareil, il n’aura personne. Vous allez trop nous
manquer, on va souffrir et puis c’est tout.
Le
samedi matin, les parents accompagnèrent les deux lascars à la
gare. Les adultes blaguaient pour détendre l’atmosphère mais les
garçons restaient de marbre. Sur le quai, ils trouvèrent bien vite
la pancarte «Pays d'Aventure, groupe n°1 ». Vint le moment
des adieux, des pleurs, des cris, toutes les émotions que les
garçons avaient retenues jaillirent sur le quai au moment du départ
du train. Les mamans serraient les mains des papas pour ne pas
pleurer, les papas regardaient ailleurs. Ils virent enfin s’éloigner
le train, complètement abattus.
-
On a fait une bêtise en les laissant partir si jeunes, non ?
-
Arf.
-
Pfff.
-
C’est horrible ce qu’on vient de vivre.
Les
parents rentrèrent chez eux la mort dans l’âme et une enclume
dans le cœur.
Milovitch
et Gasparov, quant à eux, avaient bien vidé leur sac à émotions
et au bout de cinq minutes, ils étaient passés à autre chose,
notamment grâce à une forte ration de bonbons. Ils regardaient les
participants de la colo avec haine : il fallait bien vite effacer les
pleurs et les cris dans l’esprit des autres, d’où leurs mines
patibulairesϕ.
Ils
étaient seize en tout, huit garçons, huit filles, entre 8 et 11
ans. Milovitch et Gasparov étaient les plus jeunes. Il y avait deux
animateurs : un garçon, Leslie, une fille, Frédérique. Leslie
et Frédérique ne ressemblaient à rien. Le garçon avait d’immenses
cheveux longs, plus ou moins tressés, un prénom de fille, l’air
trop gentil pour être honnête. L’animatrice avait les cheveux
très courts, roses et jaunes, coiffés en pétard avec des grandes
lunettes bleues fluos. Elle avait l’air sévère et en plus un
prénom de garçon.
-
Ca commence bien, râla Milovitch.
-
C’est n’importe quoi ces deux-là, grogna Gasparov.
Les
animateurs commencèrent à faire l’appel, en parlant fort comme si
les enfants étaient sourds et débiles. Puis ils entreprirent
d’apprendre des chants et des chorégraphies ridicules aux enfants.
-
Allez les enfants, ne soyez pas timides comme ça. C’est votre
première colo ?
-
Oui, disaient les uns.
-
Non, répondaient les autres.
-
Quoi, j’entends rien ? braillait Leslie. Allez, on chante tous
après moi : « akétoumétoumé papa, akétoumétoumépa,
akétoumétoumé papa, akétoumétoumépa, toutouyé, toutouyé papa,
toutouyé toutouyé pa ! »
Petit
à petit, les enfants se détendaient et entraient dans le manège
des animateurs.
Milovitch
et Gasparov restaient dans leur coin, coisɸ.
A aucun prix, ils n'entreraient dans ces combines qui cachaient mal
une évidente tentative d’apprivoisement.
Le
voyage se passa sans autre évènement que des chansons beuglées et
des paquets de chips éventrés.
ɸRechigner
: traîner des pieds, des chaussettes, des chaussons, bref ne pas
avoir envie de faire quelque chose.
ϕPatibulaire
: faire cette tête-là →
ɸCoi
: silencieux, motus et bouche cousue, j'observe, limite je boude.
............................... La suite ???? Priez les éditeurs !!
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